Le 14 juillet 2025 , publié dans Actualités de la Réserve Cycle de vie d'un oiseau
L’heure du rassemblement a sonné chez les milans noirs. Dès le mois de juillet, ces migrateurs au long cours forment des groupes pour regagner l’Afrique subsaharienne. Planeur accompli, le Milan noir tire profit de courants aériens pour parcourir de longues distances sans recourir au vol battu, particulièrement énergivore. Capable de franchir jusqu’à 500 kilomètres en un seul jour (bien qu’il s’en tienne en général plutôt à une distance de 150 à 350 km), il affiche une vitesse moyenne de 48,5 km/h en vol plané.
Son secret ? L’usage des ascendances : des courants d’air verticaux qui élèvent les oiseaux sans qu’ils aient besoin de battre des ailes. On distingue principalement deux types de courants, les ascendances thermiques et les ascendances dynamiques.
Les ascendances thermiques sont produites par le réchauffement du sol par le soleil. L’air chaud, plus léger, s’élève en colonnes invisibles dans l’atmosphère. Souvent marquées par la présence de cumulus (l’air chaud refroidit en altitude pour former des nuages), ces colonnes apparaissent généralement en fin de matinée pour s’estomper en fin de journée. Elles sont totalement absentes en cas de couverture nuageuse.
Une fois engouffrés dans ces courants d’air chaud, les rapaces comme les milans noirs déploient leurs ailes et décrivent des cercles jusqu’à atteindre une certaine altitude. Tant que la vitesse de l’air ascendant dépasse la vitesse de chute propre à l’oiseau, celui-ci peut continuer de s’élever. Lorsqu’il atteint une hauteur suffisante, l’oiseau peut se laisser glisser en vol plané vers la prochaine colonne.
Cet enchaînement de spirales ascendantes et de vols planés en ligne droite est appelé vol à voile. Il permet de couvrir de très longues distances sans effort musculaire. Par temps favorable, un oiseau peut ainsi parcourir plusieurs dizaines de kilomètres sans battre une seule fois des ailes.
Les ascendances dynamiques apparaissent lorsque le vent heurte un relief. Le soulèvement de l’air produit par le vent sur une colline, une montagne ou une élévation modeste créé une portance suffisante pour les oiseaux.
L’utilisation des ascendances est déterminante dans le choix des routes migratoires. Il est, par exemple, très rare de trouver des ascendances efficaces au-dessus de la mer. C’est ce qui conduit les rapaces comme les milans noirs à emprunter des détroits comme Gibraltar, large de seulement 14 kilomètres. Les populations de Milan noir y transitent en groupes parfois très denses. Plus de 91 000 individus ont pu y être recensés en une seule journée. Autre point de passage, ici également soumis aux ascendances dynamiques, le col pyrénéen d’Organbidexka est emprunté par une moyenne de 32 935 milans noirs chaque année (selon les données saisies de 2018 à 2024).
Données Trektellen – Col pyrénéen d’Organbidexka :
Pour aller plus loin :
Ornithomedia – L’utilisation des ascendances thermiques et dynamiques par les oiseaux
Migraction.net – Milan noir (Milvus migrans)
Trektellen.org – Totaux Col d’Organbidexka, Pyrénées-Atlantiques (64) 2016 – 2025
Ornithomedia – La migration : les méthodes de vol actives
Oiseaux.net – Dossier Milan Noir